Maria Luisa vit seule dans un appartement de la banlieue industrielle de Cova da Piedade, en compagnie d’une plante ramenée d’Afrique qui n’en finit pas de croître et de s’approprier les lieux. Sa mère est morte l’année précédant l’avènement du pape François, échappant ainsi à la nouvelle réalité d’un État portugais en déliquescence :
« Je n’ai pas eu à lui expliquer qu’on allait devoir vivre avec encore moins d’argent, parce que notre Gouvernement et l’Union européenne assuraient qu’auparavant nous avions vécu au-dessus de nos moyens, et que nous devions par conséquent être exterminés. »
La jeune femme retisse les fils du passé en s’asphyxiant dans le mobilier colonial familial, entourée de « quelques statues probablement sculptées par des Noirs affamés en échange d’escudos d’outre-mer ou de meticals », tout en portant un regard sans concession sur ses parents et son enfance de fille de colons : « rappelle-toi, Maria Luísa, rappelle-toi. Toi aussi tu as été ça ».
Maria Luísa a la dépression élégante et Isabela Figueiredo, née à Maputo en 1963, qui disait de son premier livre qu’il portait une voix venue de l’intérieur du système colonial, un humour décapant particulièrement bienvenu en ces temps où il fait si lourd.
Kits Hilaire