« Celui qui était autrefois mon père m’a annoncé il y a environ un mois que la vieille maison dans laquelle j’ai vécu enfant allait être détruite… À propos de maison, il y en a une autre que je ne pourrai jamais oublier. ».
Ainsi parle le narrateur du lieu qu’il va découvrir avec Sayaka, son ancienne petite amie. Cette dernière va mal. Mariée à un homme toujours absent, elle vit seule avec sa fille et souffre d’une étonnante amnésie. Ses souvenirs ne commencent qu’à l’âge de 5 ans, elle n’a aucune photographie d’elle enfant.
À la mort de son père, Sayaka reçoit une lettre contenant une clé et un plan conduisant à une maison. Elle décide d’appeler son ex, le narrateur, afin de l’accompagner dans sa quête du passé, pensant que cette clé sera aussi celle de ses souvenirs.
La maison en pleine forêt, située près d’un lac, paraît abandonnée. L’entrée est condamnée et le seul passage se trouve par la cave. À l’intérieur, toutes les horloges sont bizarrement arrêtées à la même heure. Ils retrouvent dans une chambre, le journal intime d’un petit garçon contenant des phrases troublantes : « En rentrant de l’école, l’autre lisait le journal… il s’est brusquement mis en colère… je l’ai regardé avec mépris… il m’a frappé au niveau du ventre. J’ai été sauvé parce que le téléphone a sonné… »
Que s’est-il passé ? Qui est cet enfant que Sayaka ne connaît pas et quel est le lien avec son père ? Le narrateur se questionne autant qu’elle-même :
« Je cherchai des mots pour la réconforter, mais n’en trouvai pas. Impuissant, je fixai un coin de la pièce plongé dans la pénombre. J’avais l’impression que de vieux souvenirs y stagnaient dans la poussière. »
Ce roman est étrange, l’ambiance devient glaçante quand tombe la nuit, des fantômes peuvent y surgir à tout moment. Par petites touches, l’auteur garde l’intrigue en suspend pour mieux nous dévoiler les rouages du huis clos. Il nous questionne sur notre propre mémoire et les traumatismes enfouis de notre enfance qui ressurgissent implacablement.
Mika Maly Montagne
La maison où je suis mort autrefois de Keigo Higashino. Babel noir, 2010
Photo : Keigo Higashino © Gina Cubeles 2025