Simone Dubois, célibataire et quinquagénaire, travaille à la poste, section chèques postaux. Autrement dit, Simona est une chéquarde qui divague à la Peste. C’est également une tueuse en série doublée d’une kidnappeuse. Elle séquestre Dominique Strauss-Kahn, alors ministre des PTT, le force à fumer des joints et à boire du coca attaché sur une chaise, tout en lui détaillant son parcours jonché de cadavre.
« Fêlée mais pas bégueule, la Simona. Les hommes, je les aime aussi quand ils sont vivants. Si je l’ai tué, c’est à cause de la Peste. Comme celui d’avant. »
Car Simone ne tue, a priori, que des postiers. Elle raconte sa vie, sur fond de dislocation de la Poste par Mitterrand – dit Tonton Vichy -, mais cette vie est-elle bien la sienne ? Quelle est la part de réel dans son récit déjanté ? Elle le reconnaît d’ailleurs volontiers : elle enchaîne les bobards. Livrant sans complexe différentes versions de son histoire de sociopathe explosive à son otage, elle dresse des portraits au vitriol de collègues tout aussi givrés qu’elle.
« Quand Patou-je-sais-tout a lancé à la cantonade : les filles, Mitterrand est mort ! ça a jeté un froid dans le module. (…) Et puis Marie-Paule-qui-n’en-loupe-pas-une a ricané que Tonton allait pouvoir se tartiner le bout de gras avec son copain Bousquet. »
Jean-Jacques Reboux nous l’affirme sans ambages : son personnage principal a existé. Il a rencontré cette dame hors du commun alors qu’il travaillait lui-même aux PTT. Par contre, la mythomanie de Simona étant ce qu’elle est, on ne peut présager de la véracité de ses assertions …
Kits Hilaire
Poste mortem de Jean-Jacques Reboux, Folio 2