Histoire
d’Adrián Silencio
de Éléonore Pourriat

Un récit de réconciliation, de réécriture, d’appropriation d’une histoire dans l’Histoire – ici celle de la résistance antifranquiste et de l’exil républicain espagnol -, à travers l’enquête méthodologique de la narratrice sur son grand-père  musicien et sa famille sans mots. Avancée progressive entre des pans vertigineux de vide, de silence, de ce quelque chose qui pèse, qui gène  – mais quoi?…

Comme souvent, celui qui a vécu la guerre et l’exil a laissé un trouble, une absence, des failles même, pas de racines et rien à quoi se raccrocher quand le sol se dérobe et que ceux qui sont encore vivants aimeraient avoir un bout de terre ferme sous les pieds. Et pourtant, sa petite fille, Cléo, qui s’interroge sur son droit de restituer une existence que cet homme avait tout fait pour effacer, qui se demande si elle n’est pas traitre à sa mémoire, va s’employer à recomposer le récit, à chercher les tenants et les aboutissants d’une vie afin, dit-elle, de ne pas perdre la tête, de ne pas devenir « cette femme qui hurle dans la rue », afin que ses enfants aient une boîte à musique qu’ils pourront ouvrir, pour « regarder tournoyer sur eux-mêmes leurs aînés agités », pour « qu’ils ne perdent pas de temps (…) à chercher où verser le chagrin des autres (…) et qu’ils n’aient pas peur de s’attacher. »

Kits Hilaire

Histoire d’Adrián Silencio de Éléonore Pourriat, JC Lattès 2019

Photo Adèle O’Longh